LE
TANTRISME : DE LA MAGIE À LA MYSTIQUE.
Le tantrisme - véhicule de diamant - est la troisième
forme du bouddhisme, celle qui a eu le plus d'influence
au Népal, comme en témoigne l'iconographie
religieuse. Le nom de tantrisme vient des Tantras, livres
sacrés rédigés au VIe siècle,
qui contiennent l'essence de cette doctrine. Quant au
mot vajra, il a deux sens : c'est tout d'abord la foudre,
le sceptre à cinq pointes recourbées qui
est un objet rituel entre les mains des moines et symbolise
l'Absolu, la réalité ultime, qui est tout
aussi infrangible et pure que le diamant. Vajra signifie
aussi, en effet, diamant : " Par la puissance de
la vérité absolue, le vajra détruit
tout aveuglement, tout mal. " Au foudre, symbole
masculin, est toujours associée la cloche symbole
féminin représentant la Sagesse.
Pendant longtemps, les auteurs européens n'ont
pas été très tendres à l'égard
du tantrisme en qui ils ne voyaient qu'une forme dégénérée
et ritualiste du bouddhisme, essentiellement à
base de pratiques magiques et obscènes. Mais il
faut tenir compte du caractère souvent ésotérique
du tantrisme : l'initié doit savoir lire, entre
les lignes, parfois le contraire du sens apparent d'un
texte ! Si bien qu'il s'est produit un revirement : après
avoir voué le tantrisme aux gémonies, on
a maintenant tendance à le porter au pinacle. Selon
D. Seckel et Arnaud-Desjardins, le tantrisme cache une
grande élévation de pensée et a le
sens de l'unité du monde et de l'absolu qu'il exprime
sous une forme symbolique. Si les dieux ont apparemment
l'air de proliférer, dans le panthéon tantrique,
si leurs têtes, leurs bras, leurs jambes semblent
se multiplier comme à plaisir, c'est pour montrer
l'omniscience, l'omniprésence, l'omnipotence du
Divin conçu comme un tout.
Le tantrisme mérite-t-il cet excès d'honneur
et cette indignité ?