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UNE
SEMAINE DE FESTIVITÉS EN L'HONNEUR D'INDRA. Fêtes
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La
fin de la mousson est marquée par une semaine entière
de festivités :
la fête d'Indra, dieu védique du Ciel, revêt
un éclat particulier à Katmandou dont il
est le patron.
Selon
la légende, arrivé dans la vallée
au terme d'une longue recherche, le dieu y aurait
dérobé la fleur mystérieuse à
Ashoka, celle qui rend les femmes aimantes. Pour son
châtiment, il est emprisonné puis brûlé
vif par les habitants qui ne l'ont pas reconnu. Sa
mère Dagini arrive alors et Indra ressuscite.
Ses bourreaux, confus de leur méprise, organisent
une procession en son honneur. Ainsi la fête
sera placée sous le signe de la réconciliation.
Elle
commence vers la fin septembre par la mise en place
d'un grand linga devant le palais d'Hanuman Dhoka :
il s'agit d'un gigantesque tronc de shorea, orné
de fleurs et d'un immense drapeau.
Quand
il est dressé, on place à sa base une
petite cage, contenant la statue d'Indra, pour symboliser
sa captivité. Les fidèles prient pour
leurs ancêtres décédés
et déposent des offrandes au pied de l'étendard.
D'autres effigies du dieu sont placées un peu
partout dans la ville : comme elles ont les bras étendus,
les mains et les pieds marqués de signes religieux,
les missionnaires capucins qui séjournaient
au Népal, au xv siècle, croyaient y
voir une simulation de la croix du Christ !

Au
culte d'Indra proprement dit, s'ajoute celui de Bhairava,
aspect terrible mais finalement bienfaisant de la divinité.
Tous les Bhairavas de plein air à Katmandou et
ceux qui se cachent au fond des sanctuaires sont vénérés.
Pour
la seule fois de l'année, la grille de bois qui
enferme normalement l'Akash Bhairava, placé contre
le palais d'Hanuman Dhoka, est ouverte. Indra étant
considéré comme un dieu bon vivant ne détestant
pas la boisson, sa fête est l'occasion de joyeuses
beuveries, grâce à Bhairava : un tuyau, alimenté
en bière de riz, sort en effet de la bouche de
celui-ci et chacun peut venir s'abreuver à sa guise
et gratuitement.

Le
résultat ne se fait pas attendre ! Bhairava participe
aussi à la fête en chair et en os, si on
peut dire , c'est-à-dire sous la forme d'un homme
qui brandit une épée et porte un masque
bleu roulant des yeux terribles, fabriqué par
les citrakars.
Deux
bakhus, génies chargés de chasser les
démons, l'accompagnent. Si jamais ils aperçoivent
un sari qui pend d'un balcon, ou un objet noir, ils
montent aussitôt à l'assaut de la maison
et punissent les femmes qu'ils rencontrent. Pour les
calmer, on doit leur sacrifier un poulet dont ils
boivent le sang.
Des
combats, qui ne sont pas sans rappeler les courses de
taureaux espagnoles, ont lieu aussi entre les bakhus
et un buffle, chaque jour de l'Indra-Jatra. Quand le
buffle les charge, les bakhus se défendent au
khukri. L'animal blessé redouble alors de fureur,
mais les bakhus finissent par le tuer et boivent son
sang.
Les
bakhus sont censés être possédés
par l'esprit d'Akash Bhairava, le Bhairava du ciel,
et le buffle symbolise un démon. Mais voici
que vient de surgir un autre démon Rakshasa
: le Lakhé au masque rouge sang, surmonté
de cheveux hirsutes de la même couleur. Lui
et d'autres démons encore, incarnant le mal,
tournent autour du char de la Kumari, la jeune déesse
vivante somptueusement parée, qui symbolise
la pureté, la vertu.
Mais Bhairava veille sur elle et chasse le lakhé
avec son épée. Du haut de sa pagode portative,
la déesse au regard lointain ne paraît
pas autrement s'émouvoir. Un intermède
comique vient détendre l'atmosphère :
la pula kisi, la danse de l'éléphant,
monture du dieu Indra. Deux personnes se promènent
dans les rues, en portant sur la tête un masque
d'éléphant qui représente aussi
le dieu Ganesh
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