La
Blessure
Banira
GIRI, 1977
Traduit de l'original en népali par Kalpana GHIMIRE
Blessure
!
Que la première frappe
de pleine force
de ton cimeterre
soit contre moi !
Que
les caniveaux de mes yeux se vident,
que mes yeux deviennent sécheresse,
que verdissent tes champs,
que mûrisse ta moisson de blessures,
que mûrisse ta moisson de blessures.
Toi
et moi,
sommes unis à jamais
Pour l'éternité.
Pacte !
Un
soir avant l'obscurité,
nous nous sommes croisés
sur le chemin bifurqué.
Avant
que je l'aie su,
Tu m'a violée.
Les tâches de sang vierges,
témoins de cette intimité cruelle,
se sont répandues sur le gravier du carrefour,
comme un cadavre non réclamé.
Chaque
fois,
Chaque jour,
Chaque heure,
Chaque instant,
à chaque va et vient,
ces tâches sont
ma mémoire de toi.
Blessure,
tu es ma mémoire
Blessure !
Au début,
ton chaque saisissement
était pour moi
la flambé du feu,
la
piqûre d'épines,
le tranchant de la lame,
la noire nuit de la Nouvelle Lune.
A présent,
ta frappe est devenu effleurement
C'est moi-
qui suis
le four qui contient la flamme,
le buisson qui cultive les épines,
le fourreau qui tient la lame,
le croc venimeux du cobra,
l'obscurité de la nuit de la Nouvelle Lune
Comme
la tigresse dressée du cirque,
comme le serpent envoûté par l'air du charmeur,
Blessure,
j'ai été domptée par toi
Je suis toi.
Maintenant,
toi et moi,
nous sommes inséparables,
ongle et chair
radin et argent
sentier et semelle.
Foule
sur moi
avec tous tes bandits et voleurs,
car ceci est certain:
tu te fatigueras, pas moi !
Vient briser,
vient crever,
Blessure,
par tes rafales orageuses,
les désirs foisonnants
en moi.
Déchiquette-moi,
étouffe- moi,
avec ta force revigorée.
Lèche-moi avec tes flammes avides.
Je t'ai conquis,
je convertis ta force.
Au contraire,
je viens creuser et me cacher
dans ton arsenal de blessures.
Tire tes balles,
lance tes lance-flammes,
tire tes balles,
lance tes lance-flammes,
de partout,
de tous les côtés.
C'est incontestable,
Ecoute- moi,
Tu m'entends Blessure ?
Ton arsenal sera vidé-pas moi,
Tire tes balles,
lance tes lance-flammes,
Ton arsenal sera vidé- pas moi !